Nouvelle-Zélande,  On my mind~

Le retour n’est pas un long fleuve tranquille

La fameuse question que vous m’avez posée environ 50 fois en 4 mois, et laquelle je vais étayer une dernière fois. « Alors ce retour ? ». Lettre ouverte. Now.

PENSER RETOUR

Il n’y avait pas tant de suspense quant à la date de mon retour en France puisque j’avais acheté un billet aller/retour car… 1. Je pensais que c’était obligatoire de présenter son billet retour à la douane à l’aéroport du pays visité. 2. J’avais opté pour la sécurité financière en prenant cet aller/retour (1218€ quand-même, mais bon c’était Qatar airways les gars !) en me disant que si j’arrivais au bout de mes sous, j’avais au moins « ça ». 3. Je me doutais que le fromage allait me manquer après une année au pays du pain de mie… euh kiwi. 

Alors bon, ladite date approchant à grands pas j’ai quand-même ressenti le besoin de préparer mon retour. À M-1 j’ai posé mon backpack dans une jolie maison type cottage entourée d’une forêt-jungle semi-tropicale, à 2km de la plage. Un havre de paix dans lequel j’avais pour missions l’entretien de la maison, du jardin et du AirBnB (une cabane trop cosy dans la jungle). En échange de 3h de travail quotidien (et de sociabilisation avec le chat) j’étais nourrie, logée, blanchie. Bref, la dream-place, parfait pour se reposer, faire le vide… et réfléchir au retour. D’ailleurs après 10 mois à vivre en van, c’était pas du luxe que de retrouver du confort, un cadre. Mais ça je vous en parlerai sûrement dans un autre article !

J’ai donc fini par lister toutes les petites choses pour lesquelles j’avais hâte de rentrer et dans tous les domaines que l’on imagine : les proches, la gastronomie, certains endroits, certaines habitudes. De bonnes idées notées dans le carnet qui m’a accompagné chaque jour durant cette année off. Je m’étais littéralement blindée et préparée à toutes les éventualités que j’avais imaginées, prédites ou qu’on m’avaient confiées comme le fameux « Tu verras comme les gens ne sourient pas, sont blasés et râlent tout le temps en France. » Anyway, je me sentais prête et par moment presque excitée à l’idée de rentrer à la maison.

30 septembre, 11.30am, aéroport d’Auckland. Dans la file pour le check-in, une hôtesse maori contrôle mon passeport et tape la discute (comme il est de coutume) « Good morning, how are you doing ? May I check your passport please. Are you flying back home ? » Ces derniers mots ont fait l’effet d’une bombe dans mon esprit. Après 3 secondes de bug, je réponds au bord du sanglot « uh… yes {I’m flying back home} ». J’ai réalisé instantanément à cet instant que l’aventure néo-zélandaise se terminait pour moi. La tristesse n’a fait que croître jusqu’au moment où les roues de l’avion ont quitté le sol et où j’ai inévitablement pleuré à chaudes larmes. 

LONG STORY SHORT : LE CHOC

Arrivée à Paris. J’ai listé toutes mes premières impressions dans la foulée. – Entendre parler français partout (oui c’est logique mais je vous assure que c’est bizarre après 1 an d’english). – Accueil glacial à la douane, un barrage de militaires juste après. J’ai dû voir la police 10 fois à tout casser en 1 an, alors les militaires et les dispositifs de sécurité m’ont naturellement fait halluciner. – Dame du point information pas du tout serviable et pédagogue. Je demandais où se trouvait le lounge Qatar (car j’avais lu qu’il y avait des douches, et sachant qu’il me restait encore 6 heures de trajet…). Ses tentatives d’explication se sont soldées en échec, je n’ai jamais trouvé le lounge. – Marcher à droite, dans les escalators et sur les trottoirs. – Dire bonjour. – Commander à manger en français. – Toutes les phrases de politesse qui ne venaient pas du tout naturellement. – La cohue à la gare TGV. – Les toilettes SNCF payants (scandale). – L’ambiance morne chez Paul, et partout en fait. – La superficialité (physique : maquillage, tenues…) des gens. L’importance du paraître. – La dimension des oreillers. – Les prises de courant. – Les gens qui soupirent, sont irrités par tout. Arrivée à Strasbourg. – L’accent alsacien des ouvriers qui débarquent au restau-brasserie. – Les SDF (de fait et puis la quantité…). – La baguette de pain sur la table au déjeuner. – Le manque d’enthousiasme des gens (encore ?). – Le ton moralisateur et accusateur par défaut. – La conduite à droite. – Les « cabanes » des gilets jaunes à la frontière. – La tristesse de ma garde robe casual. – Les gens qui m’interpellent dans la rue pour adhérer à des assos (j’avais oublié ce « fléau »). – Le nombre de grève absolument hallucinants dans tous les domaines confondus et de manière continue. – La morosité générale. – Les lardons partout (ça n’existe pas du tout en NZ) – Le manque d’alternatives végétariennes dans les restaurants et même boulangeries.

Le décalage était assez fou, tout me choquait ou au mieux m’interpelait. Une autre planète. J’ai eu l’impression pendant 3-4 jours d’être totalement étrangère à cet endroit (Strasbourg, la France)… C’était vraiment totalement déstabilisant.

ET MAINTENANT ?

Une des principales motivations pour le retour en France, et en Alsace, en fin d’année civile a été de retrouver l’ambiance des marchés de Noël et je m’en suis gavée ! Strasbourg, Haguenau, Nancy, Karlsruhe et la bonne surprise imprévue …Edimbourg (je m’y rendais pour un concert initialement).

J’ai retrouvé progressivement mes ami(e)s au fil des semaines, et j’ai bougé beaucoup avant d’arriver à me sédentariser à nouveau à Strasbourg. C’était un plaisir de redécouvrir « ma » ville de cœur et de saisir toute l’énergie et la vie qui s’en dégagent. 

Début novembre, j’ai déposé ma première candidature à un job d’employé polyvalent / barista dans un de mes cafés strasbourgeois préféré. Lors de mes derniers mois en NZ j’ai passé énormément de temps dans les cafés et je m’y projetais bien comme une prochaine expérience professionnelle. J’ai eu la chance d’être retenue et j’ai donc travaillé dans un super Coffee Shop -le Café Potager- près de la place Kléber de novembre 2019 à mars 2020. J’ai été formée au café de spécialité et aux bases du latte art par le torréfacteur Mokxa. Grosse mention spéciale pour l’équipe géniale (/folle) du Café qui a vraiment pesé dans le game parce-que c’était pas toujours easy-peasy durant le rush de Noël. Que du love !

J’ai aussi relancé @HaguenauFoodies sur Instagram. Il faut dire que mon « bébé » m’avait bien manqué et puis la bonne nourriture de manière générale en fait ! Ah et je me suis gavée de fromage aussi ♥

On m’avait prévenu que j’allais mettre du temps à me ré-adapter à la France. Trois mois d’après les voyageurs aguerris que j’ai sondés, c’est effectivement le temps que j’ai mis à atterrir, littéralement. Jusque fin décembre mon esprit était encore en NZ, bien que je sois physiquement en France, le livre n’était clairement pas refermé. Depuis, j’essaye de m’acclimater mais ça reste difficile chaque jour, tout me semble terriblement fade et triste à côté de l’aventure que j’ai vécue en NZ. Parmi les voyageurs, il y a ceux qui reprennent une vie que je qualifierai de « normale » (métro-boulot-dodo) et ceux qui restent dans le provisoire et pensent à leur prochaine échappée pour survivre. Je vous laisse deviner dans quel camp je me trouve…

BONUS : mon dernier side-project en date : cocomacrames.fr

Un commentaire

  • Annalena

    J’ai presque eu les larmes aux yeux en lisant tes lignes et ton retour en France… J’ai aussi pleuré à chaudes larmes à mon retour d’Australie. L’album que j’écoutais dans l’avion me rend toujours nostalgique et pourtant j’étais juste partie 3 mois…!
    Bientôt une nouvelle aventure !

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